samedi, avril 20

Comment aider son enfant en difficulté financière ?

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Même lorsque nos enfants sont déjà entrés dans la vie professionnelle, nous pouvons vouloir les aider financièrement, par exemple en contribuant à l’acompte pour l’achat de leur maison ou le lancement de leur entreprise. Les difficultés de la vie (perte d’emploi, maladie, etc.) amènent également certains à faire preuve de solidarité avec leur fils ou leur fille. Et de nombreux grands-parents soutiennent l’éducation de leurs petits-enfants. Les raisons de donner un coup de pouce ne manquent pas…

Tout d’abord, vous devez vous demander si vous avez raison de le faire. L’idée n’est évidemment pas de laisser votre enfant se débattre seul avec son problème d’argent, mais simplement de s’assurer que le soutien financier est vraiment le meilleur moyen de l’aider.

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Tous égaux

Il vaut mieux commencer par vérifier que nous pourrions, le cas échéant, faire le même effort à ses autres enfants. « Si vous donnez 50 000 $ à un enfant pour qu’il achète une maison, vous devez pouvoir en donner autant à son frère ou à sa sœur, » déclare Sylvain B. Tremblay. Et 100 000 dollars, c’est beaucoup d’argent ! » Bien entendu, les autres enfants n’ont pas nécessairement besoin de la même quantité en même temps. Mais pour respecter l’équité, le spécialiste suggère de « bloquer une somme équivalente pour chaque membre de la fratrie si un montant important est donné à un enfant ».

Nous devons également tenir compte des conséquences à long terme de ce soutien. Si l’enfant est surendetté et n’a aucune perspective de redressement financier, le parent devrait-il vraiment retirer de l’argent de son REER ? Les économies pour sa retraite risquent d’être définitivement englouties, sans améliorer la situation financière à long terme de son enfant si ce dernier conserve ses habitudes de dépenses. « Si l’enfant n’a pas la capacité de rembourser, il risque de dégénérer », prévient Sylvain B. Tremblay, qui décourage les parents de débourser leurs REER et FERR dans une telle situation. Étant donné que le décaissement nécessite le paiement d’un pourcentage élevé impôts, il peut être moins coûteux pour tout le monde de laisser l’enfant se débrouiller seul dans cette situation.

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Même lorsque les revers financiers sont importants, vous devriez évaluer la situation en mettant vos émotions de côté. « Une de mes clientes a laissé sa fille faire faillite parce qu’elle savait qu’avec son bon travail, elle serait capable de se remettre dans la bonne direction », explique le gérant. Cette dame a évité une sortie d’argent coûteuse, et sa fille est repartie de zéro, sans dette envers sa mère.

Prêtez avec prudence

Une fois que les ressources financières d’aide jugées utiles, nous nous posons la question d’un don ou d’un prêt. Si vous croyez en la capacité de remboursement de votre enfant, il est préférable d’envisager un prêt. Attention : s’il échoue par la suite à cet engagement, la confiance peut se fissurer au sein de la famille. En outre, un prêt est prescriptible : « Si le remboursement n’est pas réclamé ou achevé au bout de trois ans, la dette est prescrite », souligne out Me Lucie Boiteau, avocate chez Alepin Gauthier. Un frère ou une sœur peut alors le reprocher aux parents et à l’enfant débiteur. Surtout si le soutien financier a été fait en secret. La tentation est souvent grande de ne pas répandre un tel coup de pouce, car l’argent est toujours un peu tabou. « Le réflexe sera de dire : ‘N’en parle pas à ton frère ou à ta sœur ! » observe Me Boiteau. « Au Québec, étant donné l’héritage judéo-chrétien, on ne parle pas beaucoup d’argent », confirme Sylvain B. Tremblay.

Les deux experts s’accordent à dire que le secret finit toujours par être percé tôt ou tard. Ce qui provoque des ondulations au mieux, des larmes au pire. « J’ai vu des familles exploser », explique le directeur. Quand un frère se rend compte que l’autre a été aidé, il se demande pourquoi il n’a pas été aidé. Cela crée des situations ambiguës et leurs proches finissent par s’éviter les uns les autres. »

La clé ? Communiquez

Il est difficile d’imaginer que son les enfants ne cesseront jamais de se déchirer. Cependant, une fois les parents disparus, les liens peuvent évoluer au sein d’un frère ou d’une sœur. Les événements se produisent, déséquilibrant les relations. Et les malentendus financiers ne sont pas en reste… « Lorsqu’un frère ou une sœur se dissout, il faut parfois des années avant que les relations ne soient rétablies », prévient Sylvain B. Tremblay. Les frères et sœurs ne se parlent plus depuis 20 ans de bêtises… et les problèmes sont toujours liés à l’argent ! Ce dernier génère beaucoup d’émotivité. »

Tout don ou prêt doit donc être clairement formalisé. « La clé, c’est la communication », souligne Me Boiteau. Pour que tout le monde se sente sur un pied d’égalité, une réunion de famille pourrait être organisée pour expliquer pourquoi et comment l’argent sera versé, en précisant, par exemple, que le don est fait parce que l’enfant concerné est votre soignant ou a subi un coup dur dans la vie. « Si vous documentez bien la réunion, il vous sera plus facile de demander à vos enfants de respecter votre décision. »

Toujours par écrit

Avec ou sans réunion de famille, le prêt ou le don doit être transcrit sur papier. « Les conflits naissent de doutes », poursuit l’avocat. Le fait d’avoir une preuve écrite évite les tensions, d’où l’importance de documenter toute aide financière. » Ce document peut prendre la forme d’un accord, ce contrat rédigé devant un notaire ou non. Dans le premier cas, le notaire fournira toutes les clauses régissant l’aide financière et réduisant le risque de conflit par la suite. Cependant, il n’existe aucun seuil légal pour le paiement monétaire qui vous oblige à vous adresser à un notaire. « Si le parent veut s’assurer de revoir son argent, il est préférable de rédiger un accord », explique Isabelle Martin, notaire à Laval. Mais si ses revenus lui permettent d’accepter l’idée de ne jamais être remboursé, il peut s’en passer. » Mais même dans ce cas, une trace écrite de sa volonté est conservée quelque part, afin de limiter le risque de malentendus au moment de la succession.

Sur l’accord, il est indiqué s’il s’agit d’un prêt ou d’un don. Il est également précisé si ce paiement devra être pris en compte au moment de la succession. De plus, la réforme du Code civil a bouleversé la coutume. Auparavant, un rapport de dettes envers la succession était systématiquement effectué. Cet inventaire des dettes entre le défunt et ses proches a permis de recalculer chacune en tenant compte des dettes accumulées avant le décès. Depuis la réforme du Code civil, ce rapport de dette n’est plus effectué par défaut. Pour ce faire, il faut le mentionner dans une clause du testament. Les prêts seront ensuite rétablis dans la succession, puis répartis selon les souhaits du défunt. De même, si vous souhaitez exempter la succession du rapport de dettes, il est préférable de le préciser clairement dans votre testament, conseille Me Martin. Cet écrit peut également être l’occasion d’expliquer pourquoi l’un des enfants en ont reçu davantage. « Savoir que ce n’est pas par manque d’amour qu’il a reçu moins est important pour un enfant », commente Me Boiteau.

Protégez-vous en cas d’incapacité

Au moment de la succession, si le testament et les documents du défunt ne sont pas clairs, cela laisse place à l’interprétation. Et puis la succession peut se retrouver devant le tribunal. « Un juge entendra les parties et les témoins pour déterminer si l’aide financière était un prêt ou un don », explique Mme Boiteau. Il étudiera également le comportement du parent dans le passé : a-t-il, par exemple, pris des mesures comparables envers les autres enfants ? Le risque est de créer des chicanes là où il n’aurait pas dû y en avoir. »

Lorsque le donneur est âgé ou a peur d’être frappé d’incapacité, le recours à un notaire est d’autant plus nécessaire. Ce dernier vérifiera l’adéquation du donneur. Même lorsque le donateur est complètement valide, le certifier régulièrement en devant un notaire limite le risque de situations inconfortables à l’avenir. « Le harcèlement et la violence physique envers les personnes âgées, ça existe ! » met en garde Sylvain B. Tremblay. Qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un étranger qui a pris l’aîné sous son contrôle, cette violence sera plus facilement contrée si le parent a pris l’habitude de communiquer ses décisions d’aide financière à sa famille et à son notaire.