
Un chiffre glacial : sur dix personnes âgées dépendantes, seules trois bénéficient d’un accompagnement adapté. L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) fait figure d’exception dans le paysage des aides. Elle ne tient pas rigueur des revenus, elle ne vient pas grever la succession, mais elle n’ouvre ses portes qu’à ceux que la grille AGGIR désigne. Tandis qu’une personne âgée en maison de retraite peut toucher l’APA, un adulte handicapé du même âge doit répondre à d’autres critères, bien plus restrictifs. Les ressources ne suffisent donc pas à trancher : c’est l’autonomie, évaluée selon des règles précises, qui fait la différence. Et si l’APA allège le quotidien, une part des frais reste inévitablement à la charge du bénéficiaire. Le montant accordé s’ajuste au degré de dépendance et au niveau de ressources.
À quoi sert l’APA et qui peut en bénéficier ?
L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) accompagne les personnes âgées de 60 ans et plus confrontées à une perte d’autonomie. Son objectif : compenser les besoins liés à la dépendance, sans condition de revenus. L’aide financière soutient le maintien à domicile, permet d’adapter l’habitat ou prend en charge une partie des frais d’un accompagnement en établissement.
En France, tout senior résidant de façon stable peut demander l’APA, à condition de justifier d’une perte d’autonomie réelle. Le conseil départemental verse l’allocation, avec l’appui financier de la CNSA. La demande s’effectue auprès du conseil départemental, de la mairie ou du centre communal d’action sociale.
Pour répondre aux situations les plus diverses, l’APA se décline en deux options :
- APA à domicile : elle finance un plan d’aide personnalisé, bâti selon le niveau de dépendance (GIR 1 à 4) et les besoins concrets de la vie courante (aide ménagère, repas livrés, téléassistance…)
- APA en établissement : elle réduit le coût du tarif dépendance en EHPAD ou en USLD, en complément d’autres aides éventuelles.
L’APA vise à permettre à chacun de rester chez soi ou d’intégrer une structure adaptée, selon ses choix et ses besoins. Ce soutien personnalisé ouvre la voie à une plus grande autonomie malgré la fragilité liée à l’âge.
Les critères essentiels pour accéder à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie
Pour déposer une demande d’allocation personnalisée d’autonomie, il faut avoir 60 ans ou plus et vivre en France, que ce soit à son domicile ou en établissement. La stabilité de la résidence reste impérative.
La clé d’entrée, c’est la perte d’autonomie, évaluée à l’aide de la grille AGGIR. Cet outil classe le degré de dépendance en six groupes, appelés GIR. Seuls les GIR 1 à 4 donnent accès à l’APA. L’équipe médico-sociale du conseil départemental se déplace pour apprécier les capacités à gérer les actes du quotidien : se lever, s’habiller, se nourrir, se déplacer.
Voici comment se déclinent les niveaux de GIR :
- GIR 1 : dépendance totale, présence indispensable de jour comme de nuit
- GIR 2 : besoin d’aide pour la plupart des actes essentiels
- GIR 3 : autonomie réduite, recours fréquent à une aide extérieure
- GIR 4 : assistance ponctuelle pour quelques gestes fondamentaux
Outre la situation médicale, les ressources du demandeur sont étudiées : elles ne ferment pas la porte à l’APA, mais influent sur la participation financière laissée à la charge de la personne. À l’issue de l’évaluation, un plan d’aide personnalisé détaille la nature et la quantité des aides financées.
L’intervention des équipes du conseil départemental garantit une approche adaptée à chaque cas, tout en assurant l’harmonisation des décisions sur l’ensemble du territoire.
APA en maison de retraite : ce qui change pour les résidents et leurs familles
L’entrée en EHPAD ou en USLD modifie en profondeur l’organisation financière des familles. L’APA en établissement intervient alors pour couvrir une partie du tarif dépendance, défini selon le niveau de perte d’autonomie (GIR 1 à 4). Ce tarif s’ajoute au coût de l’hébergement et des soins.
À la différence de l’APA à domicile, l’aide est directement versée à la structure d’accueil. Le résident n’a aucune démarche à effectuer pour cette part. Les soins, pris en charge par l’Assurance maladie, ne génèrent pas de reste à payer. L’hébergement, en revanche, reste à la charge du résident, sauf intervention de l’aide sociale à l’hébergement selon les ressources. La participation financière varie en fonction de la dépendance et des revenus.
Pour clarifier les rôles, voici les points à retenir :
- APA en EHPAD : prise en charge du tarif dépendance, non cumulable avec l’aide sociale à l’hébergement
- Soins : couverts par l’Assurance maladie
- Hébergement : à la charge du résident, sauf intervention de l’aide sociale
La demande d’APA en établissement s’effectue auprès du conseil départemental, souvent avec l’aide de l’administration de la résidence. Le montant accordé est directement déduit de la facture mensuelle, ce qui simplifie les démarches pour les familles. Ce dispositif, cofinancé par la CNSA, assure une égalité de traitement pour toutes les personnes âgées dépendantes, quel que soit leur parcours.
Questions fréquentes : démarches, montants et droits à connaître
Comment déposer une demande d’APA ?
La première démarche consiste à contacter le conseil départemental, la mairie ou le CCAS. Le formulaire officiel est disponible sur place ou en ligne. Après le dépôt du dossier, une équipe médico-sociale du département évalue la perte d’autonomie selon la grille AGGIR (GIR 1 à 4). L’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie dépend du résultat de cette évaluation.
Quel est le montant de l’APA à domicile ?
Le montant varie en fonction des ressources et du niveau de dépendance. Il existe des plafonds mensuels pour chaque GIR, applicables en 2025 :
- GIR 1 : 2 045,56 €
- GIR 2 : 1 654,18 €
- GIR 3 : 1 195,67 €
- GIR 4 : 797,96 €
Le plan d’aide personnalisé élaboré avec l’équipe médico-sociale finance l’aide à domicile, les adaptations du logement ou des services comme la téléassistance.
Quelles sont les règles à connaître sur le cumul et l’imposition ?
L’APA ne se cumule pas avec la PCH, la MTP, la PCRTP, l’ACTP ou l’aide sociale à l’hébergement. Elle est exonérée d’impôt sur le revenu et ne fait l’objet d’aucune récupération sur la succession. Le versement s’effectue chaque mois, tant que les critères d’attribution sont remplis.
Quels autres droits pour les bénéficiaires ?
Les personnes classées en GIR 1 ou 2 obtiennent automatiquement la CMI invalidité avec droit au stationnement. En cas de désaccord sur l’attribution ou le montant de l’APA, il est possible de contester la décision auprès du président du conseil départemental puis, si nécessaire, devant le tribunal administratif.
Face à la perte d’autonomie, l’APA ne promet pas la lune, mais elle offre un socle solide, une marche franchie vers un quotidien moins entravé. À chacun, ensuite, de transformer cette aide en véritable levier d’indépendance, selon ses choix et son histoire.













































