
De nombreux patients atteints de cancer expriment des difficultés à se concentrer, à mémoriser, ou le sentiment d’avoir plus de difficulté à s’organiser, à travailler rapidement ou même à trouver leurs mots, voire une sensation diffuse d’avoir la tête dans le brouillard.
Documentés depuis les années 1990 aux États-Unis, ces phénomènes soulèvent encore de nombreuses questions. En particulier, les chercheurs ont du mal à leur attribuer une cause unique. Cependant, les travaux menés dans les pays anglo-saxons ont conduit à la suspicion rapide des substances utilisées dans les chimiothérapies, capables en fait de franchir la barrière protégeant normalement le cerveau des intrusions. C’est ainsi que le terme chimiofog a été inventé. Cependant, les patients qui n’ont pas reçu de traitement de chimiothérapie se plaignent également de troubles similaires.
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Le cancer lui-même, mais aussi la fatigue, l’anxiété ou même la dépression associée à la maladie et le choc que représente l’annonce pourraient également être en cause. En revanche, la douleur et l’altération de la qualité du sommeil sont susceptibles d’accentuer les problèmes d’attention. Pour ma part, je participe à un protocole de recherche visant à mieux connaître le sujet en suivant les patients pendant plusieurs années.
Pourquoi est-il si difficile de faire reconnaître les personnes atteintes de ces troubles ?
Les recherches sur le sujet ont eu lieu plus tard en France, et il existe peu de documentation, professionnelle ou grand public. Certains professionnels de santé sont douteux ou minimisent ce problème auquel leur formation ne les a pas sensibilisés.
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Un véritable désagrément, contre lequel des solutions existent
De plus, les tests neuropsychologiques existants ne permettent pas de mettre en évidence ces troubles : les patients ne présentent pas de performances significativement altérées dans ces évaluations mesurant l’efficacité pour différentes tâches cognitives. D’un autre côté, certaines expériences ont en fait ont montré que pour la même tâche, les patients recevant une chimiothérapie mobilisent davantage de ressources au niveau du cerveau. Cela pourrait expliquer l’écart entre la performance observée — en fin de compte, la tâche est terminée avec succès — et le sentiment de la personne, qui ressent une difficulté qu’elle n’a jamais connue auparavant. En tout état de cause, une plainte de cette nature n’est jamais neutre. Elle doit être entendue et des solutions doivent être recherchées.
Que pouvons-nous faire ?
Tout d’abord, et même si c’est difficile à entendre, il ne s’inquiète pas trop. Certains patients se demandent s’ils deviennent fous ou si leur malaise risque de dégénérer en pathologie neurodégénérative. Cependant, ces difficultés, aussi gênantes soient-elles, restent toujours d’intensité modérée, très loin de la démence. De plus, ils ne s’aggravent pas avec le temps et disparaissent le plus souvent quelques mois après la fin de chimiothérapie.
Ensuite, il faut apprendre à accepter la situation qui, je l’admets volontiers, est plus facile à dire qu’à faire. Cependant, prendre note de ce qui se passe, et donc apprendre à y faire face… fait partie de la solution.
Différentes mesures du mode de vie, telles que la prise en charge de son alimentation et de son sommeil et la pratique régulière d’une activité physique, ont également un impact évident sur la cognition, comme le soulignent de plus en plus d’études scientifiques. La méditation de pleine conscience ou pleine conscience contribue également souvent à améliorer la concentration. Certains patients ne s’accrochent pas ou n’en voient pas les avantages, mais cela fonctionne pour d’autres. Pour cette approche comme pour d’autres, je recommande le pragmatisme : cela vaut la peine d’essayer, même si cela implique d’abandonner en l’absence de résultats convaincants.
Enfin, la stimulation intellectuelle permet de limiter les troubles ou leurs répercussions. Il ne s’agit pas seulement d’adapter son environnement et ses habitudes pour vous faciliter la vie (éliminer les causes de distraction, mettre les choses au même endroit, dresser des listes, adopter des méthodes de mémorisation…) mais aussi de recueillir des informations sur ces troubles et les solutions existantes — comme vous le faites en lisant cet article — et enfin de réaliser divers exercices pour entraîner les fonctions déficitaires.
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